Exilé par l’empereur Auguste au bord de la mer Noire, le poète latin Ovide (qui vécut de - 43 à18 ap. J.-C.) se trouva précipité dans une expérience existentielle à laquelle rien ne l’avait préparé. Son travail nostalgique le conduisit à ressaisir les sujets littéraires qu’il avait fréquentés : sous cet éclairage rétrospectif, l’œuvre entière prend, à la relecture, une couleur plus grave, plus émotionnelle, plus religieuse. Elle révèle un artiste complexe, curieux de métaphysique, abordant constamment la question des fins dernières. Dès ses débuts, Ovide avait vu la poésie comme un contrechant orphique à la fragilité de la vie et la métamorphose comme une transgression à la mort. C’est la même quête du sens qu’il retrouvera à la fin de son existence.
Cette étude montre comment un intellectuel pétri par l’imaginaire antique fut capable, par sa sensibilité et par son drame personnel ultime, de s’ouvrir à l’ère nouvelle. Il fut soucieux de traverser le formalisme touffu des liturgies romaines pour en identifier le sens sacré. Il s’insurgea contre la restauration mythologique et religieuse voulue par Auguste. Il s’interrogea sur l’Au-delà. Il pressentit enfin que le monde raffiné qu’il avait connu basculerait. Ainsi, isoler et analyser le motif de la mort chez l’auteur des Métamorphoses, c’est tenter de cerner la mentalité des élites romaines de son temps, à la fois éclairées et superstitieuses, indécises face au destin de Rome et perplexes devant l’accélération de l’Histoire.
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